Pérou #2: le Monstre Sacré

On vous avait laissé à la sortie de Paracas. Une petite ellipse nous amène directement à Nazca. A part fondre au soleil, la majorité des gens viennent à Nazca pour y admirer les fameuses lignes. Nous ne dérogeons pas à la règle et nous rendons directement à l’aéroport pour y négocier le prix du survol des lignes. Après avoir fait le tour des différents stands on tombe d’accord avec une compagnie et une heure plus tard on embarque dans un petit Cesna.

L’avion virevolte dans tous les sens afin que tous les passagers puissent apprécier la vue. Un coup à gauche, un coup à droite, et il fait très chaud dans ce coucou… C’est donc sans étonnement que les cinq passagers ressortent de là avec leur “pochette surprise”, et oui quand on a pas l’habitude ce genre d’expérience rend vite malade… Ceci dit on ne regrette absolument pas notre vol, quelle chance de pouvoir observer ces motifs d’en haut !

Une fois remis de nos émotions on entame la “long and winding road” qui mène à la fameuse Vallée Sacrée. Cette route est difficile, elle ne cesse de monter et descendre. Mais elle nous offre une nouvelle fois des visions spectaculaires. À l’image de ces montagnes dorées.

C’est aussi pour nous l’occasion de faire connaissance avec les gracieuses vigognes.

Mais également de découvrir que les lamas vont aux toilettes en groupes, comme des adolescentes.

L’arrivée dans la vallée sacrée se fait par la splendide lagune Huaypo.

Après ça commence le grand marathon des sites incas. Pour la visite des sites de la vallée sacrée le ministère du tourisme péruvien a fait preuve de génie en inventant le “boleto turistico”, un pass obligatoire pour visiter les différents sites (sauf le Machu Picchu bien entendu) qui coûte un bras, est limité dans le temps et inclut également une foultitude de sites absolument dispensables.
On commence donc par une journée sur le site de Moray, qui était un centre de recherche agricole inca. En gros les incas, ces petits malins, avaient construit tout un tas de terrasses pour y tester leurs cultures à différentes altitudes et températures. Pour nous Moray restera le premier lieu de confrontation avec le “gros” des touristes au Pérou. Ca fait drôle de se sentir perdus au milieu de la masse, mais on joue le jeu avec grand plaisir. C’est amusant de voir des groupes se faire balader par des guides aux explications complètement tordues là où ce que l’on sait sur la plupart des ruines laissées par les incas c’est qu’on ne sait pas grand chose. Alors on brode, on parle de la fameuse “Pachamama” à tort et à travers, et heureusement les touristes sont contents et se précipitent sur les stands d’artisanat “local” bien représentés sur chacun des sites.

Mais cessons de jouer les mauvaises langues, et attaquons nous au site suivant : les salines de Maras. La route pour les rejoindre est, une fois de plus, d’une beauté à couper le souffle. On comprend pourquoi les incas avaient choisi cette région pour s’implanter.

Les fameuses salines sont, une fois de plus, des terrasses, cette fois-ci taillées à flanc de colline pour récupérer l’eau salée qui jaillit de la montagne. Pourquoi et comment cette eau contient autant de sel, c’est une bonne question à laquelle personne n’a la réponse. Tout ce qu’on sait c’est que ces salines sont exploitées depuis un bail puisqu’elles datent de la période pré-inca et qu’elles sont extrêmement photogéniques. On constate également que les indiens qui les exploitent sont bien courageux car il y fait sacrément chaud et que les sacs de sel doivent peser une tonne.

Le lendemain on se contentera d’un site, celui d’Ollantaytambo. Une immense forteresse taillée dans la montagne qui n’est pas sans nous rappeler quelque château cathare.

Dans l’après-midi on se balade dans la petite ville où l’on se laisse tenter par une dégustation de chicha, cette sorte de bière de maïs fermenté. Ca a pas l’air terrible dit comme ça et honnêtement c’est loin d’être un délice, mais l’expérience est intéressante car la chicha est produite de manière très artisanale : les femmes font macérer le maïs chez elles et lorsque la chicha est prête elles accrochent un drapeau en plastique rouge au-dessus de leur porte pour y inviter les amateurs. On se retrouve donc dans une semi-obscurité, assis sur des bancs tout autour de la pièce. Les buveurs parlent en quechua, et nous dévisagent avec une curiosité amusée. Dans un coin de la pièce, une matronne est assise à côté d’une énorme jarre où elle plonge les verres et les ressort remplis du précieux nectar. On se contentera d’un seul verre car la chicha monte vite à la tête et que le lendemain une longue route nous attend.

Il faut savoir que la visite du Machu Picchu revient vite cher. Le train qui relie Cusco à Aguas Calientes (ou Machu Picchu pueblo) est simplement hors de prix. Reste la solution du fauché : prendre un minibus jusqu’à la station “Hydroélectrica” (l’endroit où la route s’arrête, laissant place à une voie ferrée) et de là prendre un train qui reste toujours très onéreux ou simplement marcher le long des rails pour gagner la ville. On choisira donc la deuxième option. La route serait loin d’être désagréable si il ne faisait pas une chaleur à crever et si les fameuses “no see ums” ces petites mouches suceuses de sang n’étaient pas de la partie. Et l’air de rien, ça monte, surtout avec un gros sac sur le dos. C’est donc bien rincés que nous arrivons à Aguas Calientes où commence la traque d’une chambre d’hôtel pas trop chère. On trouvera la perle rare le long de la voie ferrée… Et c’est dans la douleur que nous apprendrons que les trains arrivent même au milieu de la nuit à Aguas Calientes, d’ailleurs on a même fini par se demander si le terminus ne se trouvait pas directement dans notre chambre tant les murs se mettaient à vibrer à l’approche de ce bon vieux tchou-tchou.
Après une nuit agitée on s’accorde le luxe de monter au Machu Picchu en bus et en attendant l’ouverture du site et en voyant arriver les courageux qui sont montés à pied recouverts de sueur on se dit qu’on a bien fait. Dès notre entrée sur le site on se précipite vers la “montagne”, une rando qui grimpe pour offrir un point de vue du site de très haut.
J’abandonne en cours de route après avoir repéré un rocher confortable et Vincent finira la montée tout seul.

Après ça on redescend visiter le site à proprement parler. On a vu tellement de photos de cet endroit qu’on pensait le connaître avant même d’y être et on avait bien tort. Déjà le site est beaucoup plus grand qu’il n’y paraît et peu importe le nombre de fois où on en a contemplé les images on prend une gifle une fois sur place.

Au bout de quelques heures on décide de pique-niquer. On avait beau être prévenus des “dangers” du Pérou, avec ses agresseurs à tous les coins de rue, on en n’a pas pour autant été moins surpris lorsque nos racketteurs ont surgi de nulle part, ne reculant devant rien pour un morceau de fromage ou de pomme.

Puis il est temps pour nous de retrouver le combi qui nous attendait sagement à Ollantaytambo. De là on gagne le site de Pisac, sa forteresse entourée de cultures étagées sur la montagne.

C’est le seul site où l’on trouvera la présence des autres touristes pesantes. En fait ce qui nous dérange c’est le phénomène des selfie-sticks et l’avènement de l’autoportrait qui donnent l’impression que les gens ne viennent pas réellement voir les sites qu’ils visitent mais qu’ils veulent simplement y être vus. Ainsi il faut parfois attendre cinq minutes pour accéder à une pièce, le temps que toute la famille ait eu le temps de prendre la pose.

En route pour Cusco on visitera plusieurs sites “mineurs” comme celui de Pucapucara, où l’on retrouve un peu de tranquillité.

Arrivés sur l’agglomération on décide de visiter un dernier site inca avant de s’attaquer à la ville elle-même. En voyant la taille de ces blocs de pierre on comprend pourquoi les espagnols ne sont pas parvenus à démanteler la forteresse de Sacsayhuaman. Et depuis le site on bénéficie d’un parfait point de vue sur la ville.

Le lendemain, on déambule dans les rues de Cusco et l’on continue à se demander ce qui a pu pousser les incas à relever de telles prouesses en matière de maçonnerie.

Très vite nous revoilà à bord du combi pour gagner les rives du lac Titicaca, le fameux, le même que dans Faut Pas Rêver.

Et, afin de rendre notre visite digne de la fameuse émission, nous décidons d’aller visiter les îles Uros ces célèbres îles flottantes construites en roseaux par le peuple du même nom (Uros hein pas flottantes). Et là on se retrouve dans un superbe piège à touristes. La première île que nous visitons est en fait une sorte de petit marché à ciel ouvert, où le doyen de l’île tente de nous tirer la larme en nous expliquant qu’il faut bien acheter des souvenirs à chacun des stands sinon ça crée des tensions entre les villageois… Après ça on enchaîne avec la deuxième île sur laquelle se trouvent exclusivement des restaurants. Tu parles d’une expérience authentique !

De retour sur la terre ferme on s’arrête quelques instants dans un surprenant petit temple dédié à la fertilité.

Pour notre dernière nuit au Pérou on choisit un petit coin isolé pour garer le combi, enfin un peu de calme.

Le dernier jour, juste avant de passer la frontière, on décide de s’arrêter à Pomata, un bled paumé, pour y faire un dernier repas péruvien. Bien nous en a pris : sitôt sortis du combi on réalise qu’on vient de débarquer au beau milieu du tout premier “festival gastronomique régional” de Pomata. C’est donc monsieur le maire et le rédacteur du journal local qui viennent nous accueillir et nous photographier avant que les artisans viennent un à un nous offrir des boissons et des plats locaux.

C’est donc le ventre bien plein et la tête un peu légère (les six ou sept verres de chicha y sont sans doute pour quelque chose) qu’on fait nos adieux au Pérou.

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